Origine des images : Arvel Gentry et M.Storer ; wikipedia
Traduction : Danilus
Ce billet est une traduction d'une partie d'une page de Michael Storer, le créateur du Goat Island Skiff, chaud partisan de l'utilisation de la voile au tiers bômée.
Vous trouverez la page originale avec ses illustrationsici .
Dans un article complémentaire, Michael Storer explique que les penons sur la voile sont assez difficiles à optimiser sur une voile au tiers, car les flux ne sont pas symétriques sur les deux amures. Au contraire le penon qui flotte sur la chute de la voile est insensible à cette dissymétrie.
Utiliser un ruban de chute de voile – ou Comment voir l’invisible
Quand un bateau est au largue ou marchant au près la voile correctement bordée, le courant d’air derrière la voile depuis le guindant jusqu’à la chute est plus ou moins lisse.
Sur l’image l’avant de la voile est gauche.
Arvel Gentry – Comment fonctionne réellement une voile
Si la voile est bordée trop serrée ou si elle est mal ajustée quand on navigue au largue, alors l'air du côté sous le vent ( l'extrados) ne peut pas rester attaché à la voile. L'angle de changement de direction est trop grand pour le vent qui prend le chemin le plus facile et se dissipe. Ceci s'appelle la séparation.
Vous verrez deux zones de séparation sur cette voile.(fig 2)
Une petite bulle de séparation laminaire à l’avant (guindant) où l’air ne peut circuler, mais qui a assez d’énergie pour se rattacher un peu plus loin derrière le bord avant. L'air à l'intérieur de la bulle est un mélange confus de tourbillons turbulents, comme si quelqu'un avait agité de l'eau avec une cuillère.
À l'arrière de la voile se trouve une zone de séparation turbulente dont la taille varie selon l'angle de la toile par rapport au vent. Donc, si la voile est juste un peu trop bordée, cette zone devrait être très petite. Mais lorsqu’elle est très mal réglée, la séparation turbulente avancera jusqu'à rencontrer la bulle à l'avant. À ce stade, le flux d'air régulier ignorera complètement le côté sous le vent de la voile et la force de la voile diminuera considérablement.
Cela se produit toujours lorsque le vent arrive directement derrière le bateau - la voile ne développe pas d'aspiration grâce à un écoulement régulier, mais constitue simplement un obstacle au vent qui perd une partie de son élan.
La logique est donc que si une voile est bordée trop fortement ou si le bateau est dans le mauvais angle par rapport au vent, une petite «séparation turbulente» apparaîtra au bord arrière.
Les rubans ou les penons nous aident à voir cette bulle avant que l'angle ne devienne trop inadapté et que la voile ne décroche.
En regardant cette vidéo attentivement, vous pouvez voir la zone de séparation turbulente se déplacer de l'arrière de l’aile vers l'avant.
Aile d'avion : vidéo de la séparation progressant vers l'avant à mesure que l'angle d'attaque augmente. La surface supérieure de l'aile fonctionne de la même manière que le côté sous le vent de la voile. Ici, vous pouvez voir la zone de séparation turbulente progresser. En observant attentivement l'arrière-plan, vous pouvez voir l'angle de l'aile avec le changement de sol. Notez les tremblements et les secousses qui se produisent près de la séparation complète.
Regarder les rubans de chute
Règle 1 - le vent n’est JAMAIS constant en direction ou en vitesse.
Règle 2 - lisez la première règle.
Tout ce qui nous aidera à visualiser avec précision le vent autour de la voile et nous permettra de mieux naviguer et de nous adapter à chaque instant aux changements de direction du vent, est une bonne chose. Cela peut sembler gênant, mais avec la pratique, c’est plus facile à apprendre que de conduire une voiture.
Les rubans, ou penons, de chute font normalement environ 12 mm de large et 125 mm de long pour notre taille de voile d'environ 10 m². Pour les plus gros bateaux, ils pourraient être plus grands proportionnellement à la voile. Ils peuvent être fixés à environ trois distances égales le long du bord arrière de la voile ( voyez la photo du GIS). Il existe d'autres sortes de penons, mais les rubans de chute conviennent bien à toutes sortes de voiles.
L'image de gauche montre comment le ruban suivra le flux d'air régulier lorsque la voile est ajustée correctement.
La photo du milieu montre comment le ruban disparaîtra derrière la voile dans laquelle commence la séparation turbulente. Relâchez la voile (meilleure première option) ou pointez à un angle plus proche du vent. La voile doit généralement être libérée au départ pour que le ruban sorte. Donc, choquer largement puis border progressivement jusqu'à ce que le ruban vole à nouveau correctement.
La troisième image montre ce qui se passe lorsque la voile est trop relâchée. Le ruban-témoin volera bien mais vous verrez l‘avant de la voile se mettre à fasseyer. Le bon équilibre consiste à laisser le ruban bien voler et le guindant de la voile ne montrant que par moments un peu de mou. Si le vent est très fort, plus de flottement à l’avant est acceptable pour réduire la puissance développée par la voile.
Si la voile est trop bordée ou le cap trop abattu, le ruban disparaît derrière la voile.
Si la voile est trop lâche ou le cap trop serré, la voile va fasseyer.
Avec la pratique, notre fluctuation entre trop serré et trop lâche diminue jusqu’à ce que nous naviguions très souplement et avec une efficacité maximale. Cela devient automatique comme conduire une voiture.
IMPORTANT - N'oubliez pas qu’au vent arrière et la toile choquée, l'air ne coule plus du bord avant au bord arrière de la voile. Il devient plutôt aléatoire sur toute la voile. Le ruban ne volera donc pas. Au début, il est correct de relâcher la voile afin que le haut de la voile se trouve à 90 degrés de l'axe du bateau. Si le bateau semble chancelant ou instable, ramener la voile à environ 80 degrés et mettez un hale-bas de bôme ou resserrez celui de la voile au tiers.
Le cycle de réglage
Règle 3 : mieux vaut un peu de fasseyement qu'un ruban de chute qui disparaît tout le temps.
Revenons à l'analogie de la voiture. Rappelez-vous lorsque vous conduisez pour la première fois. La voiture fait une embardée à gauche, puis à droite, puis à gauche.
Au fil du temps, avec la pratique, nous apportons toujours ces corrections de droite à gauche, mais elles deviennent minuscules et donnent l'impression d'une finesse générale. Même chose avec le réglage de voile. Pratiquez et cela devient un processus inconscient.
J'ai tendance à me concentrer sur un ruban uniquement à des fins de pilotage. D'un côté, la voile fasseyera un peu. De l'autre côté, le ruban-témoin disparaîtra derrière la voile. Un léger mou à l’avant peut réduire la puissance de la voile de quelques pour cent. Mais un ruban de chute en train de disparaître est signe d’une réduction considérable de la puissance.
Note Danilusienne :
pour le vent arrière, d'accord, le ruban ne sert à rien, pour le grand-largue, ça demande vérification.
Cette note sera amendée quand ce sera fait.
Cela suppose que vous ne soyez pas surtoilé, et que vous ne soyez pas vent arrière ou grand-largue(le ruban ne fonctionnera pas du tout dans ce cas).
Alors, que faire lorsque le ruban de chute disparaît pendant un certain temps et semble coincé derrière la voile? Quand il est bloqué ou très agité, la turbulence gagne tout l'extrados et la voile est dans un très mauvais angle.
De toute évidence, la voile a besoin d'être choquée sérieusement.
Alors, relacher-la jusqu’à ce que ça fasseye un peu - ignorez le ruban pendant ce temps là.
Lorsque la voile fasseye un peu, le ruban vole à nouveau correctement.
Vous pouvez alors re-regarder le ruban et border un peu plus la voile jusqu’à ce que vous obteniez les deux premiers petits coups de décrochement du ruban derrière la voile