- On n'est pas pressé!
- Oui mais si on veut quand même faire vite?
- Alors il faut des bouts de ficelle, devant et derrière et quelques poulies pour se fabriquer un sytème de prise de ris rapide, ou encore dit semi-automatique.
- Semi-automatique, c'est pas trop moderne ça?
- Il existe des shémas datant de la fin du XIXe siècle.
- C'est pas trop ringard?
- Non c'est "up to date".
- Ah! si c'est heupe tout dette, ça change tout.
image tirée de "Canoe Handling" (1885, 3rd Edition 1901)by C. Bowyer Vaux
Principe d'un système de prise de ris rapide
Il s'agit de faciliter l'établissement d'un nouveau point d'amure et d'un nouveau point d'écoute au niveau du haut de la bande de ris ; tous les systèmes disponibles pour les voiliers bermudiens s'appuient sur une bosse qu'il suffit de tirer pour abaisser les oeillets du guindant et de la chute au niveau de la bôme et de les y maintenir fermement. Le principe s'adapte aisément sur les voiles au tiers bômées. Contrairement aux images tirée d'un livre du XIXe siècle, nos voiles sont en général dépourvues de lattes, il n'y aura donc pas de point de tirage central, juste aux extrémités.
Sur ces trois photos d'un de nos bateaux, vous pouvez voir une installation qui a été modifiée depuis pour encore plus de simplicité (la mise à jour de cet article sera faite après l'hivernage). Il y a deux bandes de ris sur Amzer Zo qui est un canot de petite taille et porte une voile au tiers amurée en pied de mât relativement courte de bordure. Pour chaque bande de ris il y a une bosse d'amure et une bosse d'écoute, ce qui nous donne deux bosses à l'avant de la bôme et symétriquement deux bosses à l'arrière. Chaque bosse est fixée sur la bôme, va passer dans l'oeillet d'amure ou d'écoute, redescend vers une poulie fixée sur la bôme et se dirige vers le centre de l'espar où elle est tenue par un taquet.
La manoeuvre pour prendre un ris se décompose ainsi :
- on se positionne à peu près bout au vent
- on détend le hale-bas
- on relâche la drisse de la hauteur de la bande de ris rapidement grace à des repères sur le cordage
- on tire à fond sur la bosse d'amure et on la coince sur le taquet idoine
- symétriquement on étarque la voile en tirant sur la bosse d'écoute (coincée alors sur le taquet correspondant)
- on étarque la voile grâce au halebas
Et c'est reparti !
La voile d'Amzer Zo est d'un grammage assez lourd et la bordure est courte, il n'est pas besoin de nouer la moindre garcette.
Optimisation des ficelles
Sur un autre de nos canot, un Kanoteko+, le principe de prise rapide est identique à celui qu'on trouve sur Amzer zo, mais comme les proportions de la voile sont différentes, la bôme étant sensiblement plus longue, on a d'abord cherché à éviter les kilomètres de spaghetti qui pendouillent sous le gui quand on prend les ris, surtout le deuxième. Les bosses ne partent donc pas de la bôme, mais sont directement fixées sur les oeillets à chaque extrémité de la bande de ris. il suffit donc de tirer cinquante centimètres de bosse pour faire descendre la voile de cinquante centimètres, ce qui tombe bien car c'est justement la hauteur d'une bande. Ces cinquante centimètres excédentaires sont aisément stockés lelong de la bôme qui est bien assez longue pour ça, et retenus par un simple taquet coinceur. Le deuxième ris demande lui un mètre à l'avant et un mètre à l'arrière sur la bôme, mais comme celle-ci mesure 4.50m, il y a encore de la marge. La troisième bande de ris n'est pas équipée d'un système rapide, son utilisation est trop rare pour s'encombrer de toutes ces ficelles, qui compliquent tout, même si elles simplifient la manoeuvre.
Surtout qu'on en rajoute! Comme la voile s'avère moins lourde que sur Amzer zo, on ne peut se passer de soigneusement la ferler, sinon on est sûr d'avoir un sac à patate difficilement maîtrisable, ce qui n'est pas conseillé si on est justement dans l'obligation de prendre un ris. Une remarque de Michael Storer, l'architecte du Goat Island Skif, sur le transfilage au lieu de garcettes à nouer, a amené à installer un système de transfilage de ris. On s'explique : le tansfilage de la bordure sur la bôme a été remplacé par un transfilage au niveau de la première ligne d'oeillets libérée des garcettes. A l'usage, la fonction contre la courbure de bôme est suffisamment assurée par ce transfilage remonté d'un niveau pour qu'il n'y ait pas lieu de regretter le mode antérieur.
Quand on prend le premier ris, dès force 4 quand on est seul, après avoir tiré sur les bosses de ris automatique comme décrit pour Amzer zo, il ne reste plus qu'à tirer rapidement sur la jolie ficelle qui passe dans les oeillets pour ferler d'un seul coup la voile de manière très soignée. Cette ficelle s'appelle une ferline. Comme on se retrouve avec beaucoup de cordelette libérée, on la tourne sur un taquet situé vers le milieu du gui, assurant ainsi tout à la fois son blocage et son rangement. Seul le premier ris est équipé de cette manière, car il y aurait trop de mètres de ferline à ranger si on voulait faire de même avec le second.
Vous qui désespériez de n'avoir rien à acheter pour votre bateau, vous pouvez maintenant vous rendre fièrement chez votre shipchandler et devenir client pour quelques poulies (modèle économique) et des mètres de bout', pour enfin compliquer votre voilure au tiers.