Premier jour
La première nuit est passée sous tente dans le jardin, et au matin on s’ébroue pour aller mettre à l'eau à la cale du Passage, bien aidé par le fourgon de Patrick qui arbore une boule d’attelage à l'avant de son véhicule, ce qui n'était pas du luxe vu l’étroitesse de la cale
Pendant que certains commencent à gréer, d'autres vont stationner les remorques sur notre terrain de base et c'est en milieu de matinée que nous nous dirigeons vent arrière vers l'ile de Lern puis, doucement, passons devant l'ile d'Arz et allons beacher sur l'ile d’en face à Ilur.
Dans une petite baie magnifique et abritée sur fond de sable blanc immaculé (ou presque) nous posons pieds à terre pour une plaisante visite du petit hameau, mais aussi pour sortir du sac le casse-croute. Faute de bistrot nous débouchons nos bouteilles puis... digérons sur le sable au soleil en faisant une petite sieste. Oui oui ! au soleil ! Nous profitons du micro climat ( il est vrai que nous sommes alors protegés du vent ).
- Hé !les gars, ça remonte il va falloir s’y mettre, car nous allons a la pointe de Kerners. Là nous attend une bonne pizza et notre camping.
Ça se complique car il va falloir naviguer contre le courant et là l'expérience du marin du coin sera utile.
- Tiens, pourquoi il va à babord ? Ce n'est pas la route !
- Si ! si bien sur, parce que à 500m il y a un contre courant qui va nous permettre de ruser et de gagner un temps précieux
Beau Merle, le bateau basque, est impressionné par la force du courant, mais taille la route ; Let’er buck après un empannage résoud son problème de voile passée par dessus le mat ; Amzer zo tourne autour et surveille son monde, et tous finissent par arriver sans encombres au port de Kerners où nous pouvons mettre nos canots sur bouées et regagner terre grâce à l’annexe gentiment prêtée par notre restaurateur.
Belle traversée avec un beau soleil mais un joli vent de force 4, un peu froid aux doigts mais chaud dans les coeurs.
Les tentes sont vite montées et c'est face à la mer , presque les pieds dans l'eau que, assis aux tables du petit bistrot, nous dégustons les pizzas déjà commandées et livrées sur place et réchauffées par dessus le marché par notre hôte qui avait ouvert sa buvette spécialement pour nous. Quelle classe ! L'intendance est à la hauteur.
On se refait la navigation de la journée.
- Tu as vu le courant c'est dingue, et les rochers où nous sommes passés !
- Non, mais il y avait au moins 1m50 d'eau!
- Tu sais l'eau ici est aussi claire qu’en Méditerranée !
- Oui, mais elle est froide.
- Oui, mais elle est claire.
- Mais froide.
- Hé les gars faut faire dodo
Le soleil est couché, le froid arrive vite, nous allons nous mettre sous la couette et faire de beaux rêves. Ou des cauchemars, chacun fait comme il veut.
Deuxième jour
- Ha ! ce matin ça vente fort.
- Comme d’hab!
Petit briefing.
Devant les légères réticences, nous optons pour un changement de programme : plus tranquille car passer devant Berder avec six nœuds de courant, plus le vent et l'eau froide et sans sécu, ben …
Nous tombons d’accord pour dire que nous sommes là pour nous amuser et non pour faire des exploits. Bref, départ en direction de l'ile de Conleau en passant entre l'ile au Moines et l'ile d'Arz puis Arradon et port Anna.
La traversée s’avère sans problèmes par un vent certes soutenu mais très maniable et du soleil. Encore du soleil ! hé oui.
Un petit coup de VHF au port de Conleau pour donner notre heure d'arrivée et savoir quelle sera notre bouée d'amarrage ? Cerise sur le gâteau, une annexe nous attend afin que nous puissions débarquer. Elle a été gentiment préparée par le maitre de port que Patrick avait joint deux jours plus tôt
-Hé !les filles et les gars, c'est pas fini vous avez 300m pour aller planter vos tentes et on revient pour le resto où un menu nous attend (pas terrible finalement, et on n’y reviendra pas le lendemain).
Encore et encore des anecdotes sur la navigation du jour, puis on se glisse dans le duvet
Une seconde journée bien remplie, plein de bons souvenir sauf l'addition du resto. On ne peut pas réussir partout, demain sera un autre jour.
Troisième jour
-Ah ! Mais ce matin ça souffle !
- O buffe point trop cha p’tit.
Patrick qui a dormi dans son Amser zo de 3m50 pourra témoigner que dans la nuit il y a eu plusieurs rafales à décoiffer une bigoudène !
Durant le petit dèj’ au camping de Conleau, ça discute ferme car il est prévu au programme de descendre vers Arradon, puis l'ile de Berder et de remonter en passant entre l'ile au Moines et Arz puis se refaire une seconde escale à Conleau le soir.
Bref beaucoup de vent et un peu de pluie (c’est à dire qu’on sera complètement trempés) nous pousse à tout simplement remonter la rivière vers Vannes. On est en vacances ( "amzer zo"en breton : on a tout le temps ! )
Une équipe partira visiter Vanne à pied et les autres en bateau, qui ne verront finalement de la ville que l’écluse et le dessous d’un pont.
Nous accostons le long d'un quai pour casser la croute et retour au près à contre courant, mais avec le soleil revenu, jusqu’à notre bouée au port de Conleau.
Ce petit retour est très sympa, du louvoyage sous le soleil, ma foi, ça ne se refuse pas.
Ce soir nous faisons un refus de tribord à notre resto d’hier qui peut toujours nous attendre et mangeons au camping, ce que nous ne regrettons pas
Après avoir refait le monde, dodo, car demain nous sortons les bateaux à la cale de Port Anna après avoir recupéré nos remorques grâce a Jo le taxi. En effet, comme le vent est prévu assez fort, de plus en plein dans le pif, la solution de facilité est adoptée par la majorité après concertation.
Et la soirée se termine chez Patrick à St Armel où une ventrée de spaghettis sauce tomate nous est concocté par Francoise et Jean-Michel.
Demain matin retour aux bercails La Rochelle ou Nantes.
Seul deux irréductibles, l’Alose et Amzer zo partent pour une virée aux Glenans ! Oui rien que ça.
C'est vrai qu'Amzer zo n'en est pas à son coup d'essai pour les Glénans, et l’Alose en a vu d’autres. Cela fera l'objet d'un autre reportage.
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Voilà , c'est ça la promenade en voile aviron. Naviguer en totale autonomie, à la robinson, ou alors profiter des commodités, mais passer par des chemins que peu de bateaux empruntent, beacher le temps d'un repas avec sieste (principe de précaution d’après Nadau ) et pour seuls visiteurs une mouette et un lapin de garenne