Deux heures et demie avant la basse-mer l’embarquement sur les canots de la flottille Vapiste « Beau Merle », « Chico Mendès » et « Keep Cool » est réalisé rapidement à partir de la large cale bien entretenue de ce petit port. Il ne faut pas traîner car la marée descendante peut réserver quelques mauvaises surprises (gare aux berges vaseuses).
Les trois esquifs se laissent porter avec le courant du jusant en jouant à cache-cache au gré des boucles de fleuve. Du haut des berges quelques oiseaux migrateurs de la réserve voisine nous toisent sans crainte.
Le vent nord/nord-est facilite notre descente de la Sèvre niortaise jusqu’au port du Pavé où la vigilance du barreur est de mise pour esquiver les nombreux Chalands conchylicoles et autres navires agrippés à leur corps mort.
Nous poursuivons notre route en nous alignant sur les bouées d’atterrissage (rouge et blanche) afin de bien profiter du courant du fleuve où peu à peu l’horizon s’élargit en approchant de la sortie de la baie de l’Aiguillon.
Après la Pointe de l’Aiguillon nous tournons à droite et après environ une heure et demie de navigation nous sommes tout près des bouchots qui se dressent sur tribord.
« Chico Mendes » prend alors la tête de la flottille pour sonder les fonds vaseux à proximité d’une forêt immobile de pieux sur lesquels croit la prochaine récolte des moules.
Il est midi, c’est presque la basse mer et l’heure de de se restaurer. Après s’être regroupés, nos trois canots jettent l’ancre au milieu de ce paysage si particulier à travers lequel on aperçoit les rives sableuses de la pointe de l’Aiguillon.
Passé la pause, et pour donner le temps à la marée de monter suffisamment haut sur la cale du Corps de Garde, nous levons l’ancre pour une petite incursion dans le pertuis breton (cap au SO). Après un long bord en direction de l’île de ré, le signal du retour est donné.
Il est 14h30 et nous pouvons désormais profiter du flot pour revenir à notre point de départ. Nous sommes encore groupés et nous pouvons apprécier les qualités marines de « Keep Cool » (Yole de Ness) qui avance à bonne allure avec ses cinq passagers.
Néanmoins, il ne peut rivaliser avec les départs au planning de « Beau Merle » (Kanoteko+) qui achève la navigation loin devant.
Le retour à bord de « Chico Mendès » (skellig 1) est également très agréable grâce à la petite brise bien établie sur notre travers bâbord. Très vite nous retrouvons la première bouée d’atterrissage (que nous dépassons à près de 7/8 nœuds avec l’apport du courant).
Nous sommes maintenant suffisamment haut pour voir au loin les digues qui entourent la vaste baie de l’Aiguillon
Puis à nouveau port du Pavé en direction de Charron avant de retrouver les boucles de la Sèvre niortaise dont le paysage s’est métamorphosé avec le flot
En remontant vers l’amont, le vent se fait plus discret. Passé le dernier méandre, il faut anticiper notre arrivée pour ne pas manquer la cale. L’expérience et la connaissance des lieux est ici précieuse pour accoster sans se faire emporter plus loin que prévu avec le courant.
Au final, une très belle journée de navigation dans un paysage sauvage et enchanteur se modifiant sous l’effet de la marée.
Jean-Paul Vaille et Yves Grosset-Grange
Compléments pratiques :
• La cale est payante (5 €/ jour)
• Les indications générales pour naviguer à partir de cette cale ont fait l’objet de pages du blog sous le titre « Naviguer au départ de Charron ». http://www.naviguerautrement.org/blog/naviguer/naviguer-dans-les-pertuis-charentais.html