Naviguer en tenant compte des courants

Le 10/01/2024

Dans Naviguer

Texte et images: YGG

Lorsque l'on navigue dans les Pertuis (mais aussi ailleurs...) il faut tenir compte des courants marins !

Pour comprendre le phénomène, il faut imaginer la carte marine comme une superposition de 2 cartes :

  • L’une représente ce qui est « solide » : la côte, les fonds, les amers.
  • L’autre représente du liquide : la surface de l’eau.

La seconde est comme une nappe qui glisse sur la 1ère : c’est l’effet des courants (de marée par exemple).

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Lorsqu’un bateau suit une ligne droite sur une nappe animée d’un mouvement perpendiculaire à son cap, sa route sur la carte solide (on dit « sur le fond ») sera différente de sa route sur la nappe liquide : il aura dérivé (voir plus loin comment on peut estimer la dérive due aux courants).
 

Pour l‘illustrer, imaginons que ce bateau largue un flotteur jaune toutes les 5 minutes.

Capture d e cran 2024 01 04 a 20 13 48

 

Pour corriger cette dérive si on a l’intention d’arriver au Sud du point de départ, il faut suivre un cap différent. En voici la représentation graphique :

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Maintenant il faut se demander quels sont les effets de ce nouveau cap : permettra-t-il de faire la route dans un temps correspondant à celui qui a servi à mesurer la longueur de la dérive due au courant ?

Si par exemple le nouveau cap fait marcher au près serré contre du clapot, voire en louvoyant, ça prendra beaucoup plus de temps, donc la dérive sera plus importante et il faut refaire la prévision.

Le résultat peut obliger à renoncer.

 

Si le courant est oblique par rapport au trajet souhaité sur le fond, la même méthode s’applique.
 

Dans notre exemple, si le courant est SE, il peut faire gagner du temps en raccourcissant la route (sauf si on doit suivre un cap très serré : route plus courte mais temps plus long...)
Inversement, si le courant a une composante nord, il va nous ralentir et retarder.

Pour vous entraîner faites des exercices de route entre 2 points (par ex de la tourelle du Lavardin à la bouée Aix NO) à différents moments de la marée, donc avec des courants différents....

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Comment définir la dérive due au courant ?

1- D’abord trouver les indications de courants pour le lieu de la navigation.
On les trouve soit sur des cartes de courants (il y en a une relative aux pertuis charentais dans les ouvrages type Almanach du Marin breton) soit sur les cartes elles-mêmes.
Sur les « Navicartes » en couleur, elles sont données par des flèches fines et longues comme sur l’image ci-dessous du secteur devant Angoulins et Chatelaillon.

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Sur les cartes du SHOM c’est plus discret ! Il faut chercher de petits losanges qui portent un numéro, comme sur l’image ci-dessous du SO de l’Île d’Aix. Le numéro dans le losange renvoie à une partie d’un tableau (ailleurs dans un coin de la carte) qui donne direction et vitesse du courant aux différentes heures de marée.

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2-Ensuite estimer la durée du déplacement affecté par le courant, et le situer dans une plage horaire de marée.
 

3-Trouver les données du courant pour ce lieu et ce moment dans les indications des cartes.
 

4-Calculer alors la dérive :
Sa direction sera celle du courant.

Sa longueur sera le produit de la vitesse trouvée sur les cartes par la durée estimée du déplacement (Longueur = Vitesse x Durée).