- voilaviron rustique sur le lac Ngaroto
Depuis 1981, autour de la revue Le Chasse-marée, un mouvement pour la sauvegarde du patrimoine a relancé l’usage de canots traditionnels puis très vite néo-traditionnels, c’est à dire s’inspirant des bateaux régionaux en les adaptant à une pratique de loisirs et aux matériaux modernes.
Citons François Vivier qui prit une place importante dans ce mouvement :
« Le point commun de toutes ces évolutions [du XXe siècle ...] c’est une spécialisation de plus en plus forte de chaque bateau à un usage spécifique, alors que le canot traditionnel était au contraire très polyvalent, tout en présentant une extrême variété représentant les traditions locales, les conditions de mer et d’abri de son lieu d’origine.
C’est dans ce contexte que quelques passionnés, associant pratique de la voile, curiosité pour notre patrimoine maritime et une certaine insatisfaction vis à vis d’une plaisance qui devient un loisir de masse [note Danilusienne : moi je n’ai rien contre ça ! A bas l’élitisme!] vont « inventer » le voile-aviron.
Ils inventent aussi le « mot » voile-aviron comme le principe d’un « naviguer autrement » sur des bateaux qui vont permettre de redécouvrir ce que les voiliers modernes ne proposent plus ou mal : naviguer dans un bateau « creux » où le panier de pic-nique trouve bien sa place, trouver le plaisir de la nage à l’aviron, silencieuse, en mer ou dans une rivère à marée. »
Voilà, on inventa le mot voile-aviron pour dénommer une pratique rajeunie.
Et un éminent membre de Vap créa un jour le néologisme vélirameur s’appliquant à ceux qui s’y adonnent, adapté depuis en anglais en « sailoarman ». Nous serions en espérance de nous croire parés pour parler de notre activité. Presque.
Tant qu’on utilise « canot de voile-aviron », ça va, car ce sont bien des bateaux caractérisés par une pratique, avec comme élément commun que en principe, tous les bateaux voile-aviron doivent pouvoir abattre leurs mats et dégréer leurs voiles et les ranger à bord pour naviguer à l’aviron, comme il est dit sur le site de la Fédération de la pratique éponyme.
Mais la pratique justement, c’est LE voile-aviron, ou LA voile aviron ? La Fédération dit prudemment « bateau voile-aviron » histoire de ne pas se mouiller et on trouve dans la même veine sur son site : « pratiquants Voile-aviron » avec un V majuscule, « rassemblements typiquement voile-aviron » avec un v minuscule, « formation spécifique voile-aviron » toujours sans majuscule. Locutions qui évitent que le genre de « voile-aviron », comme pour le sexe des anges, soit défini.
Naturellement nous n’avons pas autorité pour régler cette épineuse question, tout au plus pouvons nous proposer que l’initiale se passe de la majuscule intermittente dont, de prime abord, on ne perçoit pas totalement l’intérêt. Pour légiférer plus avant, sans doute qu’une commission sera nommée,
Le bateau de voile-aviron
Nous en sommes toujours à « bateau voile-aviron », à propos de quoi François Vivier écrit très justement : « On réserve maintenant le terme voile-aviron aux bateaux pour lesquels l’aviron est un vrai mode de propulsion alternatif à la voile ». Et conclut : « Les voiles-avirons ont maintenant une fédération », celle dont on parlait plus haut.
Avez-vous bien lu ? Voiles-avirons, avec un S à voile et un S à aviron. Il parle des bateaux. On suppose qu’au singulier on aurait voile-aviron. Si c’est un canot bien sûr, UN voile-aviron. Mais une yole : UNE voile-aviron ? Et s’il y a plusieurs voiles ? un(e) Voiles-aviron ? Deux rames et deux voiles : un(e) voiles-avirons ? une voile et deux rames : un(e) voile-avirons ? Un ketch à la godille : un voiles-aviron ? Une goelette à la godille : une voiles-aviron ?
Les lecteurs de ce site ont peut-être déjà noté l’usage, non systématique, de la contracture « voilaviron ». Il s’agit de suivre en quelque sorte les recommandations de l’Académie Française qui préconise la soudure des mots : un millefeuille, des millefeuilles, un porteplume, des porteplumes.
Il semble que la finale en « on » entraine une perception du genre masculin, du fait que les autres mots français se terminant en on (pas ion qui est différent) le sont, sauf éventuelle exception rarissime. Un balestron, un édredon, un litron, Donc UN voilaviron, sans hésiter, et des voilavirons tout bonnement au pluriel. C’est simple et suit l’évolution naturelle de la langue.
Pour dénommer les pratiquants, VAP a fourni vélirameur qui prend un S au pluriel et peut donner vélirameuse(s) sans se tordre plus longtemps la cervelle. On propose maintenant voilaviron en un seul mot pour l’embarcation de voile-aviron. De même qu’on peut dire qu’une yole est un bateau, une yole est un voilaviron. Et ça fait pas mauvais genre.
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Liens utiles :
site de la Fédération Voile-aviron
le site de François Vivier