Petit sloupe des Pertuis

Le 01/09/2024

Dans Mon bateau

 


Gros-Merle est un petit sloupe des Pertuis, obéissant aux critères d’un cahier des charge pour un monotype des Pertuis de Charente-Maritime(17) : 17 pieds de long, 17m² de voilure et auto-videur.

P1390608

Gros-Merle a remplacé Beau-Merle dans ma collection de bateaux qui se limite à un petit voilier et une ancienne yole d’aviron de mer Brug 18.

Le projet dormait dans les cartons quand, après des recherches infructueuses d’un bateau de 5.20 de long, j’ai eu l’idée de demander à Philippe Saint-Arroman si on pouvait adapter une cabine sur son canot ouvert, ayant noté qu’il y avait 2m entre le devant du puits de dérive et le caisson de flottabilité de la proue. Comme ça lui paraissait faisable, nous nous sommes entendus par courriels au fil de l’avancement du projet, ma seule exigence esthétique étant le tableau arrière verni. Mais évidemment, si la carène est restée identique, il y eu plus de changements induits que je l’avais cru au départ, notamment sur la forme et la taille des ballasts liquides, et bien sûr sur l’articulation du mât.

Gros-Merle a touché l’eau pour la première fois en avril 2022. Deux ans plus tard je peux en parler avec une certaine expérience. Le bateau a été construit pour moi, il est donc bien adapté à mon programme de navigation, moins de six miles et bivouac occasionnel : par exemple pour le gabarit de la cabine, je me suis assis dans le bateau et Philippe a fixé des tasseaux au-dessus de ma tête. Dans la cabine encore, une fosse à pieds a remplacé une partie du ballast liquide pour soulager ma colonne vertébrale étant assis. Une chaise-moteur amovible peut s’installer sur le tableau, un puits pour l’ancre a trouvé sa place à l’avant et un superbe aviron de godille encombre la couchette babord.

C’est l’âge à venir qui avait entrainé le changement de baImg 0027teau, les quatre-vingts ans devenant un avenir proche, et je savais qu’il me faudrait plus tolérant que le Kanoteko+ dont je ne peux pourtant me départir d’une nostalgie certaine. Car évidemment Gros-Merle a les qualités de base pour lesquelles je l’avais choisi : il est d’une stabilité rassurante, sans toutefois ressembler à une péniche (sa ligne de carène attire l’œil des connaisseurs), et s’il est moins rapide que le Kanoteko+ ou une petite Yole de Ness, il avance légèrement plus vite qu’un Ilur de poids comparable mais un peu plus court.

La belle voile au tiers (Voilerie du Bassin) a été un peu réduite pour passer au-dessus de la cabine, mais associée au petit foc se montre très performante. Néanmoins Gros-Merle supporterait d’être plus toilé pour les vents inférieurs à dix nœuds, le premier ris ne s’imposant pas avant d’approcher cinq Beaufort une fois les ballasts remplis. Encore que ce ne soit pas flagrant qu’il marche moins bien à 12 nœuds de vent avec un ris, mais je n’ai pas fait d’expérimentation sérieuse.

La place dans le cockpit est suffisante pour qu’à trois on ne se gêne pas, mais seul le plus souvent, je n’y suis pas perdu pour autant et l’accès aux diverses manœuvres se révèle facile. La proue est suffisamment porteuse et les passavants assez larges pour ne pas craindre de s’y aventurer, ça tombe bien car il faut y aller pour mouiller l’ancre.

Les virements de bord n’occasionnent pas d’angoisse grâce au foc et les empannages n’entrainent aucune réaction intempestive qui mettrait le bateau en difficulté.

Cabine gmAgréable en navigation, le bateau possède des vertus au mouillage. En premier lieu la baille pour l’ancre qui permet de garder cet appendice vaseux loin du lieu de vie quand on appareille. Essentiel ! le bateau se pose à plat sur la sole et deux quillettes latérales quand la mer de fait la paire. Le pont auto-videur élimine la crainte du remplissage quand il pleut, et la cabine garde tout au sec, habits comme équipage. Certes c’est spartiate, ça ressemble plus à une tente de randonneur qu’à une chambre de palace, cependant, bonne surprise, après plusieurs nuits en solitaire dans des conditions variées, la ventilation se montre suffisamment efficace pour qu’il n’y ait pas ou très peu de condensation sur les parois. La longueur de la couchette est très bonne, la largeur un peu moins et la hauteur à l’angle des passavants (c’est la rançon de leurs qualités sur le pont) un peu juste pour mes épaules quand je me tourne ; quant à l’épontille, elle implique le besoin d’une certaine souplesse pour extraire les jambes de dessous le pont avant.

Gros-Merle est un prototype d’une série qui n’existera pas puisque le chantier s’est mis en demi sommeil, et en tant que prototype, souffre de mise au point dans quelques détails. Le mât, aisément rabattable grâce à des jumelles est un peu court en tête (il manque 15 à 20cm) pour accueillir les éléments de confort rajoutés : lazzy-jacks quasi obligatoires car la bôme ne peut pas être simplement déposée au fond de la coque, étai complémentaire pour pouvoir affaler le foc en cas de panne de l’emmagasineur, ou même la girouette quand on a réussi à caser toutes les ficelles surnuméraires.

Accéder à la chaise-moteur exige de se mettre à quatre pattes sur le grand coffre arrière, le bateau est cependant assez stable pour ne pas s’inquiéter maintenant que la belle peinture a été remplacée par une moins brillante mais anti-dérapante.

L’aviron de godille se range à moitié dans la cabine au-dessus de la couchette babord, ce qui ne me gêne pas car j’occupe celle de tribord, mais sa place pour la nuit n’est pas prévue en cas de partage de la cabine.

J’ai rajouté des rames qui ne me donnent pas entière satisfaction du fait que la position logique pour les dames de nage oblige à entrer les épaules dans la cabine quand je tire sur les bois et je me cogne les coudes. L’amélioration est prévue pour cet hiver.

J’avais choisi la voile au tiers que j’avais appréciée sur le Kanoteko+, cependant, si elle est performante, elle n’est à l’usage pas la mieux adaptée à cause de la cabine, une voile à corne s’avèrerait plus pratique.

Finissons cependant sur un bon point, le poids mesuré, 265kg en ordre de marche mais ballasts vides, permet un transport aisé sur une remorque de moins de 500kg, donc sans frein ni immatriculation. Fondamental pour un programme de navigations sur des plans d’eaux variés.

Gros merle bretagne

 

Vous trouverez des photos de la construction sur le site kanota.info à l’adresse suivante : https://www.kanota.info/2021/10/03/le-petit-sloop-des-pertuis/