Premier jet
Au départ fut une bâche de 2x3m. Prix suffisamment modique pour accepter le ratage. Ce sera la voile d’essai.
Pour le système rotatif, un tuyau de descente d’eau pluviale de 8cm de diamètre gainera le mât d’origine sans la moindre modification de celui-ci. La « voile » sera fixée par des morceaux de ficelle autour du tube et assurée par du ruban adhésif plastique. Une légère encoche dans le haut du tube permettra de coincer un bout’ qui servira à tenir le point de drisse. Le tube reposera par une faible fraction de sa base sur la pièce de bois destinée à retenir le mât.
Resterait l’épineux problème de la livarde qui doit pouvoir être relâchée pour que la voile prenne ses tours élégamment car la longueur d’une hypoténuse est toujours supérieure au côté du rectangle. La solution première sera de la positionner classiquement, mais d’en pouvoir régler la hauteur par un palan. Un bout' tendu le long du mât retiendra l’espar tout en permettant à la toile de s’enrouler. Ce bout' sera maintenu dans l’axe du bateau par un lien vers la proue qui assurera une tension supplémentaire nécessaire.
Dans l’état ça fonctionne.
Et beaucoup mieux qu’espéré au vu de la pauvreté des matériaux.
On passera sur l’inadéquation du plastique de la livarde, beaucoup trop souple (un simple tuyau de plomberie en PVC de 40mm de diamètre) ; en revanche le tube gainant le mât tourne aisément autour de celui-ci, la « voile » s’emmagasinant et se déployant sans effort grâce à l’écoute et un bout' simplement fixé à la base du dit-tube.
Deuxième chance
Développement du programme : se doter d'une livarde rigide et l'articuler au niveau du pont pour permettre l'établissement d'un foc qui se fixe à un oeil au dessus du tube et à l'avant du bateau sans besoin de bout-dehors. Par un heureux hasard, un foc de Zef colle pile-poil.
Pour l'espar, grace à l'obligeance de l'école de voile de La Flotte, le tube de plastique est remplacé par un mât de planche à voile en carbone. C'est raide et léger, c'est parfait. Le système d'étarquage au point de pic est inversé par rapport à la première version. Une drisse est fixée dans l'oeillet du pic de la voile, passe par un truc adhoc pour simuler un réa, et descend le long de la livarde jusqu'à une poulie en pied de mât et revient vers le barreur pour être coincée dans un taquet. La livarde est fixée sur une platine au niveau du pont. L'articulation est perfectible.
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La platine est une pièce de contreplaqué dans laquelle passe le mât.
La livarde est fixée et articulée sur cette platine. L'affreux bricolage de bouts de ficelles gagnerait à être remplacé par un pied-de-mât de planche à voile.
Il faut aussi fixer un guide pour la drosse, comme sur n'importe quel enrouleur, éventuellement un disque sous la zone d'enroulement éviterait que ce cordage ne se coince sous le tube.
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La drisse de pic permet l'étarquage, mais pour éviter le relâchement coupable de la livarde, un anneau de retenue (on réinvente le rocambeau) serait judicieux.
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En mer
Un essai en mer a été tenté avec 11 noeuds de vent et tendance à forcir. Contrairement aux craintes, la voile ne s'est pas déchirée et disons-le tout de suite le système fonctionne parfaitement : réduire ou augmenter la surface de la voile est un jeu d'enfant, c'est hyper rapide et facile et finement réglable.
Les ennuis vinrent d'ailleurs. Avec cette bâche bleue, et en l'absence de foc installé (une déchirure dans la toile qui fait son âge ayant obligé le foc a déclarer forfait), le bateau tire des bords carrés et refuse de virer. L'empannage, facile, fait de plus perdre du terrain ; bien heureusement il y avait les avirons ! Mais ramer contre la marée montante et le fardage du mât enrobé du tuyau et de la voile roulée fut joliment ardu. Une pause sur un coffre bienvenu a permis d'abattre le mât (merci l'étambrai ouvert!) et finalement de rentrer à la cale sans faire appel au canot des moniteurs de l'école qui veillaient cependant au grain.
Ne reste plus qu'à tester le rocambeau de pic, trouver un vieux (les nouveaux sont trop volumineux) pied de mât de planche à voile pour la livarde afin de parfaire le prototype. Quant à une vraie voile, on a la vie devant soi.
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Post-scriptum
En fouillant dans les bidules qu'on garde pour-le-cas-où, un petit cardan inox a refait surface pour faire office d'articulation de pied de livarde et un boulon à oeil devient un guide de drosse. Pour le rocambeau, la boucle du noeud de chaise de la drisse de pic qui tient le haut de la voile est juste un peu agrandie et c'est suffisant, il n'y a pas lieu de chercher plus compliqué. Retesté en mer, mais dans un vent modeste voire atone, cette ébauche de prototype donne toute satisfaction.