Première difficulté : la notice de construction est en anglais nautique australien.
J’ai mis des amis de VAP, anglophones, à contribution pour m’éclairer sur bien des points !
La seconde difficulté c’est que le contreplaqué recommandé par l’architecte est rarement utilisé en France (CP marine 5 plis okoumé de 6 mm d’épaisseur). J’ai mis beaucoup de temps à trouver un fournisseur pour les 6 grandes feuilles nécessaires (NB : les négociants spécialisés à La Rochelle et environs ne m’ont été d’aucune aide !)
Le 1er bug, ce fut le confinement qui causa un grand retard dans la livraison du contreplaqué et retarda mes achats d’autres bois nécessaires.
La première joie vint avec les premières découpes à la scie circulaire (de bonne qualité) dans ces grandes feuilles, après un traçage soigneux.
Dès cette étape j’ai pu associer au chantier l’une des futures utilisatrices du bateau : ma petite fille confinée chez nous. Elle s’y colla avec une grande application !
Puis vinrent les premiers collages pour assembler les 4 panneaux longitudinaux qui sont chacun en 2 parties puisqu’ils sont plus longs qu’une feuille de contreplaqué.
C’est à ce stade que je me suis donné, sans m’en rendre compte, de sérieuses difficultés pour les étapes d’assemblage de la coque, mais j’y reviendrai. Avant d’en avoir conscience ce fut un vrai plaisir de découvrir le profil du bateau en vraie grandeur !
Ces 4 grands panneaux donneront 2 caissons latéraux de flottabilité. C’est sur les bords de ces panneaux que sont collés-vissés les tasseaux grâce auxquels ils pourront être assemblés avec les pontages, le fond, le tableau et la marotte.
Ces tasseaux ont produit le 2ème bug.
En effet, n’en trouvant aucun aux bonnes sections dans le commerce, je les ai sciés dans des planches de la bonne épaisseur, que j’avais choisies bien droites. Mauvaise surprise : ces planches droites ont donné des tasseaux tout tordus ! La qualité de sciage n’était pas en cause ; ce sont probablement des contraintes internes du bois de ces planches qui ont été « libérées » par son découpage. Si bien qu’une fois collés-vissés sur les 4 grands panneaux de contreplaqué ces tasseaux leur ont transmis leurs défauts de sinuosité ! Ce fut l’une des causes de grandes difficultés des étapes d’assemblage de la coque.
J’ai dû laisser longtemps les 4 ensembles panneau-tasseaux fixés par serre-joints à des poutres bien droites, pour les rendre à peu près droits eux-mêmes. Et même après cette « ré-éducation » il a fallu faire les essais successifs de pré-assemblages sur un chantier muni de gabarits, construit exprès, et avec encore des bois droits et des serre-joints pour obtenir une carcasse à peu près satisfaisante.
C’est à ce stade que s’est révélé le problème dû aux assemblages des 2 parties de chacun des 4 panneaux. Je me suis aperçu qu’ils ne se superposaient pas bien (alors qu’ils doivent être rigoureusement identiques) ce qui aurait conduit à faire une marotte trapézoïdale, et à gauchir le fond et les pontages. Oh, de très peu bien sûr, mais je ne pouvais pas m’y résoudre. J’ai donc dû rectifier quelque peu les bords de 2 de ces panneaux. Au rabot à main c’est long. Et au bout du compte les mesures de la marotte données par le plan n’étaient donc plus tout à fait les bonnes. Bref, je suis passé par une phase un peu merdique dont je ne suis pas fier.
Si vous essayez vous aussi de faire un Oz Goose, je vous recommande de procéder aux assemblages des différents panneaux sur un chantier unique, muni de cales solidement fixées, qui serviront à bien donner le même profil aux 4 panneaux !
Avec ces rectifications il n’y avait pas beaucoup de difficultés à tracer les pontages avant et latéraux (et un petit pontage arrière que j’ai ajouté pour renforcer le tableau). Après assemblage à sec de tout ça j’obtenais une carcasse qui ne risquait plus trop les déformations dues aux tasseaux tordus.
Un long moment compliqué a résulté de ma volonté de transformer la dérive sabre en dérive pivotante (tous les navigateurs en eaux turbides comme celles des Pertuis me comprendront).
Même en modifiant la forme de la dérive (la rendre moins longue pour la même surface) j’obtenais un puits de dérive bien plus encombrant que celui de la dérive sabre. J’ai donc décidé de le décentrer et le coller contre l’un des caissons. J’ai alors passé un long moment à dessiner le projet : dessiner la dérive en lui donnant un bord d’attaque avec la même courbure que le fond du bateau ; trouver comment renforcer la paroi du caisson pour qu’elle résiste au levier de la dérive, trouver le bon point de rotation et de passage de l’axe de dérive ; etc. J’ai beaucoup tâtonné, mais réussi !
Comme la dérive n’est pas lestée il faut un bout pour la descendre et la mettre à la verticale. C’est pour cela qu’on voit 2 bouts sur la photo:
La fabrication du fond, en assemblage de 2 parties (comme les côtés, en raison de sa longueur) m’a donné quelques angoisses. Il ne fallait pas louper cet assemblage puisque la largeur du bateau est celle d’une feuille de contreplaqué. Les imprécisions d’assemblage du fond, ou les formes encore un peu tordues des flancs pouvaient empêcher une bonne rencontre entre fond et flancs. Heureusement tout s’est bien passé à ce stade. Un premier assemblage vissé à sec m’a permis de tracer les bords de la découpe de passage de la dérive. Un 2ème essai d’assemblage m’a montré que je réussissais à bien mettre en face les uns des autres les trous faits lors du 1er vissage, ceux dans le fond et ceux dans les tasseaux.
En juin 2021 j’étais enfin prêt pour son collage, à ne louper sous aucun prétexte ! Il faut pour cela plusieurs paires de mains, car l’opération est complexe mais elle doit être faite rapidement en raison du temps de prise de l’époxy. J’ai donc fait appel aux copains. Une équipe sympa est venue m’aider : plusieurs pour enduire rapidement de mélange époxy tous les tasseaux de l’assemblage, plusieurs pour porter le fond et le positionner progressivement et soigneusement, au fur et à mesure que deux autres plaçaient les vis et les vissaient.
Le soulagement dû à ce moment crucial réussi a été fêté avec quelques bulles !
Puis j’ai ajouté des petites quilles d’échouage qui ne sont pas sur le plan.
Le pontage aurait dû être ensuite une formalité, mais quelques étourderies m’ont doublé le temps de travail. À ce stade je ne faisais que son assemblage à sec pour pouvoir encore intervenir à l’intérieur des caissons si besoin (et il y a eu besoin comme on va le voir)
Le positionnement de l’étambrai et de l’emplanture du mat sont un autre moment crucial. Là encore quelques tâtonnements ont allongé les plaisirs. Et c’est ainsi que j’arrivais enfin à la phase d’enduction de toutes les surfaces à l’époxy. Les jours de températures suffisantes se faisaient rares, ce qui a beaucoup allongé le chantier.
Après une première couche partout j’ai pu tester l’étanchéité de l’assemblage du fond en y vidant quelques seaux d’eau. Oulala ! Je n’avais pas épaissi suffisamment la colle lors du collage du fond, comme l’ont révélé quelques fuites. Heureusement que le pontage était resté amovible … Donc reprise des joints, et même recours à des baguettes d’angle collées aux bouchains pour être sûr.
Les premiers essais sous voiles d’emprunt (merci JiBi et Alain) ont eu lieu en août et octobre 2021 avec un bateau dont le pontage n’était pas encore collé définitivement.
La pause hivernale était obligatoire. La voile a été commandée pour Noël 2021. Les derniers collages (du pontage) ont été réalisés au printemps 2022 et la peinture juste avant l’été.
La suite ne présente aucune originalité sauf … les démarches pour les tests de sécurité et l’immatriculation du bateau. Mais c’est une autre histoire !