Je recopie un paragraphe de leur site web pour dire qui sont les Bonanças : « Appuyés par les mairies de Saint-Laurent de la Salanque et de Saint-Hippolyte, nous hébergeons des barques catalanes et les restaurons afin de leur redonner vie et les faire naviguer. Le travail du bois, l'étanchéisation, le calfatage, la peinture, le gréement, les voiles, mobilisent nos spécialistes et nous font passer des moments enrichissants. »
Il faisait un vent à décoiffer les chauves, plus de cinquante nœuds venant de la terre enregistrés à la station météo la plus proche, mais ce qui paraît étrange à un rochelais, le clapot demeurait ridiculement faible, vingt à trente centimètres à vue de nez sur l’étang, On comprend pourquoi les champions planchistes viennent ici établir des records de vitesse.
Contrairement à ce qui était mentionné sur le site de l’association, ce n’était pas le bon jour pour visiter, mais on nous reçut quand même, fort gentiment, et c’est guidés par le président que se fit le tour du chantier pendant une heure.
L'étroit ponton accueillait ce jour-là beaucoup moins de barques que sur la photo d’en tête, mais tout au bout quelqu’un s’affairait en plein vent sur le mât d’une embarcation, alors que la corde servant de main courante n’était pas superflue. Après retour à terre et mieux protégés de la tramontane, la discussion s'engage avec un groupe qui installait d’épaisses barres de bois servant de martyrs, sur le dessous d’une coque (le bateau était à l'envers) soigneusement enduite d’un mélange d’huile et de résine, selon une formule locale servant de protection et d’étanchéité.
Une autre barque était en cours de calfatage, et un bénévole parfaisait la peinture d’un joli cassou, petite barque à fond plat, dédiée à la pêche en étang.
< Un cassou en cours de peinture finale
Au milieu du chantier trône une barraque, barraca, traditionnelle construction en roseaux qui abritait les familles de pêcheurs.
On y discute à l’abri du vent des techniques de la voile latine, devant un schéma où sont traduits les termes catalans. C’est plus compliqué de manœuvre qu’une voile au tiers, mais offre beaucoup plus de possibilités de réglages, notamment celle de mettre l’antenne à l’horizontale au vent arrière.
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Comme on le voit la prise de ris se fait par le haut, la toile surabondante étant ferlée sur l'antenne. On notera aussi la drosse qui sert à plaquer l'antenne contre le mât et d'étai au vent.
On conçoit bien que la manoeuvre nécessite un apprentissage et qu’il faut que de nouvelles générations s’initient à ce type de grément pour que les barques continuent à naviguer.
Le problème n'est guère différent dans d'autres régions avec les vieux gréments, mais peut-être plus crucial pour la voile latine, dont le maniement diffère beaucoup des voiles bermudiennes qui ont envahi les marinas.
Justement, notre curiosité est attisée par deux petites embarcations qui côtoient leurs grandes sœurs. Renseignement pris, ce sont des opticassous.
Il s’agit de petites barques récemment créées pour l’initiation à la voile latine. Comme des Optimist, mais avec une coque et un grément à la catalane, des cassous en réduction, d'où leur nom. Ces petites embarcations destinées à l'école de voile voisine devraient amorcer le renouvellement des générations de marins capables de se servir des barques anciennes.
Alors devant un opticassou, le vieillard content s’écrie : Tu quoque mi fili
Avec un peu de chance ce lien devrait mener à une page Facebook pleine de vidéos sur cet attachant petit canot :opticassou
Le site web de Bonança ; https://www.bonanca.info/